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Pour notre vallée, la Bourges

Le Réséda de Jacquin : Subterfuge grossier ou fleur en péril ?

1 Novembre 2023, 18:19pm

Publié par Le collectif "Pour notre vallée, la Bourges"

Un membre du collectif "Pour notre vallée la Bourges", interpellé par le sujet du réséda de Jacquin, nous a proposé cet article très documenté. Nous le publions ci-dessous :

"Cette histoire ne commence pas dans un champ de coquelicots mais derrière mon écran d’ordinateur afin d’en savoir plus sur la fleur inconnue, à savoir le Réséda de Jacquin, dont bon nombre de médias nationaux et internationaux rapportent l’existence dans le contexte de la reprise des travaux de construction du site religieux de la Famille Missionnaire de Notre Dame en Ardèche.

En lisant la page Wikipedia fort détaillée consacrée à cette jolie fleur, ma curiosité prend le pas sur ma soif de connaissances botaniques : quel type d’internaute peut donc bien rédiger ce genre de descriptif si dense concernant l’une des 6 070 espèces estimées (1) de plantes vasculaires sauvages (c’est-à-dire les plantes à fleurs, fougères et conifères) recensées en France ?

Je me rends donc dans la partie « Historique » de la page Wikipedia consacrée au « Réséda de Jacquin » et constate à ma grande surprise que celle-ci a été créée tout récemment, le 20 octobre 2023, soit environ une semaine après l’apparition de cette maintenant fameuse plante sur le devant de la scène médiatique. L’auteur de cette page est un certain Adrien B., opérant sous le pseudonyme « ABALG », contributeur régulier de certains articles consacrés à la botanique sur Wikipedia, mais également, et c’est là que cela devient intéressant, chien de garde occasionnel de la page Wikipedia consacrée à la Famille Missionnaire de Notre Dame.

Les lecteurs non-initiés doivent sûrement s’interroger : en quoi peut bien consister une telle fonction ? Il s’agit tout simplement pour Adrien B. de contribuer à l’alimentation en contenu de cette page tout en veillant également à écarter autant que possible tout contributeur souhaitant apporter un certain équilibre éditorial à cette dernière (2) : il serait en effet très déplaisant que les allégations de dérives sectaires (non établies) et enquêtes hiérarchiques ecclésiastiques n’occupent pas la majorité de la page.

Revenons toutefois à notre histoire de plante et, au final, à la question que tout le monde se pose : qu’a donc de particulier le Réséda de Jacquin ? Est-ce une plante d’une rareté exceptionnelle justifiant ainsi qu’elle reçoive une attention si grande ? Ou un subterfuge derrière lequel se cachent certains anticléricaux ?

Comme un exemple concret vaut parfois mieux qu’un long développement, comparons sur certains aspects le Réséda de Jacquin avec le Pissenlit commun qui recouvre les champs de nos campagnes :

Le Réséda de Jacquin : Subterfuge grossier ou fleur en péril ?

Selon Gaston Bonnier et Georges de Layens, le Réséda de Jacquin est une fleur « annuelle, parfois bisannuelle, à racine principale développée et persistante » (10).

Cette plante se retrouve sur des endroits « incultes » (11), sur des « rocailles et pentes sèches » (12), et préfère des « terrains siliceux et en particulier les schistes siliceux » (13). S’il était prouvé que cette plante était effectivement présente sur le projet du site de Notre Dame des Neiges, une telle présence ne serait pas vraiment cohérente avec les arguments de terre « fertile » ou de terre à potentiel agricole régulièrement avancé par les opposants à ce projet.

Au sein de la zone continentale du Massif central Auvergne-Rhône-Alpes, le Réséda de Jacquin est décrit comme un taxon « très commun dans la zone d’étude » (14) et a donc été retiré de la liste des espèces déterminantes en 2019.

En Ardèche, le Réséda de Jacquin est présenté dans un ouvrage datant de 1988 comme une espèce « non rare, bien installée, disséminée, non menacée » (15).  En outre, est également précisé que « dans le contexte ardéchois d’une déprise agricole et humaine généralisée, on note plutôt des facteurs favorables à une progression » (16).

Ce n’est en tout cas pas l’avis d’Adrien B., qui, s’appuyant sur un corpus de citations très dense et difficilement vérifiable par le commun des internautes, nous explique sur Wikipedia que cette plante est « très rare », sur la « liste rouge des espèces menacée en France depuis 1990 » (comme toutes les espèces, NDLR) et comme étant une « espèce déterminante des ZNIEFF dans le Lot, Rhône-Alpes […] » (17).

A titre d’exemple, notre modèle de probité, Adrien B., cite le livre « Flore de France » de Tison et de Foucault (18) pour justifier la grande rareté de cette espèce alors que ce même livre ne précise nullement cela (cf. § 5’ Page 961). Nous sommes là devant un exemple patent de désinformation.

Cela est d’autant plus problématique qu’en raison du peu d’informations disponibles sur internet concernant cette plante, la majorité des personnes s’intéressant à l’actualité du site de Notre Dame des Neiges à St Pierre de Colombier, y compris les journalistes, est susceptible de visiter cette page Wikipedia.

De fait, du haut de son statut de septième site internet le plus visité au monde (19), cette encyclopédie constitue désormais une véritable source d’information dont le fonctionnement repose en principe sur les contributions volontaires des internautes. En pratique, cette encyclopédie est aussi critiquée en raison de son fonctionnement oligarchique, les contributeurs les plus actifs, souvent orientés à gauche (20), paraissant y former une caste détentrice de la vérité absolue.

Comme le souligne Taha Yasseri, professeur associé à l’University College Dublin (21), Wikipedia est « un très bon point de départ pour vos recherches, mais un endroit calamiteux pour les terminer ». Espérons que les journalistes relatant l’actualité à St Pierre de Colombier sauront suivre ces recommandations.

Au-delà de la question de la diffusion d’informations (volontairement ?) erronées, il semble aussi légitime de s’interroger plus généralement sur la pertinence de la liste régionale des espèces protégées en Rhône-Alpes (22), non mise à jour depuis plus de 30 ans.

En effet, tout comme 429 plantes vasculaires au niveau régional en France et 1 654 au niveau national, le Réséda de Jacquin constitue une espèce protégée au niveau de la région Rhône-Alpes alors que cette espèce n’est pas considérée comme déterminante de la flore des ZNIEFF concernées et n’est pas non plus menacée selon la liste rouge de l’UICN.

En définitive, il ne fait que peu doute que l’importance donnée à cette plante est grandement exagérée et paraît être montée de toute pièce, l’objectif étant de faire cesser un projet qui ne plaît pas à certains groupuscules de militants pour qui tous les moyens sont bons (y compris malhonnêtes) pour imposer leur point de vue à la majorité.

Notes :

(1) UICN – CBN – AFB – Muséum d’Histoire naturel : La Liste rouge des espèces menacées en France Flore vasculaire de France métropolitaine – 2018 - liste-rouge-de-la-flore-vasculaire-de-france-metropolitaine.pdf (uicn.fr)

(2) Extrait de la page de discussions Wikipedia relative à la FMND (source) :

Le Réséda de Jacquin : Subterfuge grossier ou fleur en péril ?

Modifications opérées sur la page Wikipédia FMND :

 

Le Réséda de Jacquin : Subterfuge grossier ou fleur en péril ?

(3) La Grande Flore en couleurs, Gaston Bonnier, 1912-1922, Réed. chez Belin

(4) Les ZNIEFF sont un inventaire scientifique qui localise et décrit les secteurs du territoire national particulièrement intéressants sur le plan écologique, faunistique et/ou floristique, en distinguant deux zones : (i) Les ZNIEFF de type I, secteurs de grand intérêt biologiques ou écologiques qui abritent des espèces animales ou végétales patrimoniales (dont certaines espèces protégées) bien identifiées. Généralement de taille réduite, ces zones présentent un enjeu de préservation des biotopes (lieux de vie des espèces) concernés et (ii) les ZNIEFF de type II, ensembles géographiques qui désignent un ensemble naturel étendu dont les équilibres généraux doivent être préservés. Ils sont généralement de taille importante et incluent souvent une (ou plusieurs) ZNIEFF de type I).

(5) Conservatoire botanique national - Révision de la liste des espèces déterminantes de la flore vasculaire des ZNIEFF à l’échelle de la zone biogéographique continentale du Massif central de la région AuvergneRhône-Alpes (2017) – Lien : Microsoft Word - Couverture EXPERTISE_2017ng (cbnmc.fr)

(6) Droit de l'environnement. 9e éd. Broché, Prieur, Cohendet, Bétaille, and others, Lefebvre Dalloz, 2023

(7) Conservatoire botanique national - Révision de la liste des espèces déterminantes de la flore vasculaire des ZNIEFF à l’échelle de la zone biogéographique continentale du Massif central de la région AuvergneRhône-Alpes (2017) page 3. – Lien : Microsoft Word - Couverture EXPERTISE_2017ng (cbnmc.fr)

(8) « Limited concern » en anglais.

(9) Catégories et critères de la Liste Rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) – P. 14 - UICN_2012_Categories_et_criteres_Liste_rouge.pdf

(10) Flore complète portative de la France de la Suisse et de la Belgique, G. Bonnier et G. de Layens, 1909, multiples réed. dont Belin, 1985.

(11) La Grande Flore en couleurs, Gaston Bonnier, 1912-1922, Réed. chez Belin

(12) Flora Gallica : Flore de France, B. de Foucault et J-M Tison, Biotops Eds, 2014.

(13) Flore complète portative de la France de la Suisse et de la Belgique, G. Bonnier et G. de Layens, 1909, multiples réed. dont Belin, 1985.

(14) Voir Microsoft Word - Couverture EXPERTISE_2018 (developpement-durable.gouv.fr)

(15) Le statut des espèces végétales protégées dans le département de l’Ardèche, Bernard-Marie Descoings, Publication de la Société Linnéenne de Lyon, 1988.

(16) Le statut des espèces végétales protégées dans le département de l’Ardèche, Bernard-Marie Descoings, Publication de la Société Linnéenne de Lyon, 1988.

(17)

Le Réséda de Jacquin : Subterfuge grossier ou fleur en péril ?

(18) Flora Gallica : Flore de France, B. de Foucault et J-M Tison, Biotops Eds, 2014.

(19) Graphique: Les sites web les plus consultés dans le monde | Statista

(20)  'Nobody should trust Wikipedia,' co-founder Larry Sanger warns | Daily Mail Online

(21) John Thornhill, Financial Times, 17 Mai 2017, Wiki-journalism may be part of the answer to fake news

(22) Arrêté du 4 décembre 1990 relatif à la liste des espèces végétales protégées en région Rhône-Alpes complétant la liste nationale

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J
de la manipulation pure et simple, terreau de l'extrême gauche !
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