Nous étions à la réunion "historique" des opposants le 15 septembre à Aubenas (partie 1/3)

18 Septembre 2020, 19:43pm

Une réunion publique s'est tenue à Aubenas le mardi 15 septembre sur le thème "Non à la basilique des missionnaires de Notre Dame, arrêt définitif du chantier". Selon les organisateurs, ce fût une réunion historique. Plusieurs membres du collectif "Pour notre vallée, la Bourges" s'y sont retrouvés pour écouter et observer. Parmi eux, notre coordinateur, Claude Minjoulay-Rey, également conseiller municipal de Saint-Pierre de Colombier ; il nous raconte cette soirée :

"Oui, une réunion historique selon les organisateurs car ces derniers, membres et militants d’associations, de syndicats et de groupuscules auto-proclamés « laïques et démocratiques » (comprendre : la gauche locale radicale et laïcarde) ont pu rassembler environ 150 personnes autour d’un thème fédérateur : "la lutte contre un projet immobilier qui nuit à l’environnement et à la biodiversité". Ce combat doit déboucher sur un « arrêt pur et simple du chantier et sur une remise en état du site ». Outre l’absurdité de la revendication, il serait bien regrettable de procéder à une remise en état car une partie du site (celle qui sera bâtie) était une ancienne friche industrielle et un réceptacle de gravats ! Dans les faits, il s’agit de mener un combat contre une communauté religieuse catholique, la Famille Missionnaire de Notre Dame (FMND), comme cela a été rappelé par un des organisateurs de la réunion :

« Une réunion publique comme ça sur Aubenas, c’est historique car ce projet, il a un avantage sur tous les autres : il fédère dans l’unité contre l’obscurantisme ».

J’ai participé à cette réunion en tant que membre du collectif « Pour notre vallée, la Bourges » et ai pu prendre la parole.

Les « amis de la Bourges » (je n’écris pas les « ami-e-s » car je n’ai pas encore été initié à l’écriture inclusive), invités par les organisateurs de la réunion, ont dans un premier temps présenté le projet. Je dois reconnaitre que la présentation était pédagogique, claire, avec des photos et des croquis de qualité, et, pour la première fois, fournissait des données réelles sur les dimensions. On était bien loin des 4 hectares de terres agricoles mentionnés dans le tract distribué à Aubenas par des « gilets jaunes » (à ce propos, quel est le rapport entre les « gilets jaunes » et la mobilisation autour de ce site ?) et cela montrait bien que le projet, s’il est important, n’a cependant rien de « démentiel » et de « pharaonique ».

Mais l’intervention suivante des « amis de la Bourges » a malheureusement repris les poncifs habituels sur l’impact négatif du projet sur les paysages, les sols, la faune et la flore, le lit de la rivière, les flux de personnes et les paysages. En fait, rien de nouveau depuis un peu plus d’un an, lorsque leur mobilisation a commencé ; je les ai d’ailleurs invités à aller sur le site « Pour notre vallée, la Bourges » pour qu’ils prennent conscience de la vérité.

Je note que les crapauds (épineux et sonneurs à ventre jaune), généralement les vedettes des interventions publiques des opposants au projet, ont été peu mentionnés : j’espère qu’ils ne souffriront pas psychologiquement de ce manque d’attention. En revanche, les problématiques liées à l’eau (approvisionnement en eau du site, impact sur le lit mineur de la Bourges) et à l’assainissement sont davantage à la mode en ce moment. D’ailleurs, une nouvelle plainte à l’encontre du maître d’ouvrage (la FMND) pour infraction à la loi sur l’eau est en cours de dépôt. [Voir notre article sur la station d'épuration de Saint-Pierre de Colombier]

Fort logiquement, il importait de parler également de « l’absence de débat démocratique » dans la commune de Saint Pierre de Colombier où « les voix de la congrégation religieuse pèsent lourdement sur la vie quotidienne » : aucun rapport avec l’environnement, mais ça fait partie des classiques ! Ce sujet, avec celui de la haine anti religieuse qui lui est directement lié, a donc occupé les esprits pendant une bonne partie de la réunion.

L’évocation du manque de démocratie à Saint Pierre de Colombier a servi de transition à des interventions délirantes sur la FMND, ce qui a provoqué de nombreux vivats et des applaudissements fournis. Là encore, rien de nouveau, mais une telle concentration de haine anti religieuse a de quoi glacer le sang.

Bien évidemment, les soi-disant entorses à la loi de 1905 ont été largement évoquées et le petit père Combes aurait été fier de ses troupes : plus de 100 ans après, le combat anti religieux porté notamment par la fédération ardéchoise et drômoise de la Libre Pensée et la fédération des œuvres laïques (qui doivent revendiquer chacune une dizaine d’adhérents) reste d’actualité ; au moins contre les catholiques car la discrétion est de mise face aux projets immobiliers portés par l’islam de France (ce qui relativise la témérité de ces laïcards).

J’ai eu la possibilité de prendre le micro et de m’exprimer publiquement. C’est la moindre des choses dans le cadre d’une réunion publique, mais j’ai tout de même tenu à en remercier le maitre de séance et je dois admettre qu’il a fait en sorte que mon intervention ne soit pas (trop) perturbée.

J’ai indiqué que l’aspect économique du projet est fondamental et que cette dimension doit être absolument prise en compte ; comment passer sous silence le fait que l’ensemble de la vallée de la Bourges, et plus largement le département de l’Ardèche, va bénéficier d’une véritable manne financière ?

Comment occulter cet aspect en période de très grave crise économique ? [Voir nos articles ici, ici, ici, ici et ici]

J’ai d’ailleurs fait remarquer que la présence des syndicats CGT et FO à ce type de réunion était surprenante car on attend des syndicats qu’ils se mobilisent pour l’emploi ; j’ai également signalé au conseiller régional François Jacquart qu’on attendait de lui qu’il se mobilise pour les travailleurs en sa qualité d’élu communiste, et donc en faveur de ce chantier. Le représentant de la CGT a réagi très courtoisement en indiquant que, certes la CGT est « attachée à l’emploi, mais elle est aussi attachée à la loi de 1905, à la laïcité et aussi à l’environnement » ; que de priorités ! Avec un tel syndicat, les travailleurs sont bien défendus, c’est indéniable. Suite à mon intervention, un membre de la CNT m’a violemment pris à partie verbalement, n’acceptant pas que je m’exprime au nom des travailleurs. Le fait que je défende un projet porté par des religieux l’a conduit à me ranger dans la case des bourgeois réactionnaires ennemis du prolétariat."

La suite demain...